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Am...

Publié le par Mathias LEH

Am...

J’ai dealé avec l’attente.

Tu sais, arrête, je sais que tu me connais assez pour ça !

Il y a ces phrases. Des morceaux, comme chansons, parfois. Ces ritournelles, éternels manèges. Sans en avoir l’air…

L’amour n’est jamais donné…

Cela détruirait.

Amour fable, ce mouvement incessant déboutonne ton intérieur. Pièce par pièce…

Est-ce ici chez moi ? Est-ce cela ?

Dans l’appartement de la rue trop vermoulue, j’ai punaisé deux petites phrases, elles grésillaient dans les nuits trop grises. Je ne les lisais plus, tu ne les vois même plus, comme si elles avaient imprimé ta rétine et tes pensées. Te demander pourquoi je te parle de tout ça, quelle importance ?

Je t’explique. Quand je me suis retrouvé coincé, dans la tourmente, c’est elles qui sont revenues. J’en ai honte. Oui, honte ! Je n’ai pas pensé à toi, ni à d’autres… Juste des mots.

Que la vie serait belle si tout cela n’était pas mort ? Je pourrais y croire et me rouler dans cette illusion, m’en plaindre et éternellement regretter ! Mais l’amour est artifice, artificiel !!!

J’ai monté et retournerai haut des mornes, haut pour ne pas tomber, hurler, fièvre perdue, fièvre remise, pas d’envol, devenir brise…

Où étais-tu ? Je n’ai pas voulu que cela se délite ainsi. Je m’enfuis et tu me laisses avec ce goût de mort au creux, des riens qui traînent au petit matin…

Juste un bruissement, un battement d’ailes, que passe le colibri…

Fleur de lys, plisse et crisse de mon intolérable naïveté !

Etaient-ils doux ces moments ? Avons-nous crié le bonheur comme d’éternels enfants ?

Il m’a fallu tant de jours, longs, entiers, pour prendre la mesure, pour réaliser, enfin, que je n’avais plus. A fleur de peau, question de plume, question de mots.

Pas de veine, tu avais dans mon sang pris le meilleur. Vampire dérisoire et l’imbécile qui aime que l’on prenne tout, j’ai demandé ce hold up et je m’en veux, tant et tant.

Pourquoi tu ne me manques pas. Pourquoi ce n’est pas cela ?

A l’arrière des vagues, dans l’écume, je devine, je sens venir le ressac…

J’aurais aimé.

Juste cette curieuse présence… Du vol, du mensonge, de la fuite ?

Je t’en veux ? Tu joues sur un air que je ne connais que trop…

Le manque de confiance, le doute, la défiance face à moi-même, mon propre corps…

Je ne peux pas t’en vouloir vraiment, je suis en cause, je suis celui qui aime avoir mal, qui n’y crois pas… En fait, tu m’as bien aidé, au fond du puits, je vois l’eau, je vois le continent au loin… Je mesure la distance.

Oseras-tu ? Tu n’as pas de limite ? Tu as usé, usurier, tous les doux moments, élimés au creux des souvenirs…

A l’approche des continents, dans la découpe des reliefs sous-marins. Rien ne se justifie.

De loin, de loin en loin, de cette distance qu’il y a toujours eu entre nous. Cet interstice. Tu me l’as fait payer. J’ai accepté cette idée, en avais-je le choix, moi ?

Et toi ? Tu n’as rien pris, tu as fui et t’es lavé de tous soupçons. En te mettant en dehors des regards qui auraient pu te déranger, je me demande parfois pourquoi je me suis ainsi tu… Tu as fui, tu reprends là où tu pouvais t’être arrêté, tu vas tes illusions et c’est finalement ton droit le plus strict. Je ne suis pas venu ici pour te faire la moindre morale, j’ai perdu cette outrecuidance, dans l’exil, il y a du bon, je devrais peut-être te dire merci.

Mais alors ?

J’ai le vertige, quelle est cette mélasse ?

Alors soudain, dans l’acier des colères anciennes, dans l’étain des joies violentes, dans le gris des cieux perdus :

« Pourquoi écrire dans des entrelacs qui ressemblent étrangement à la boue de mes propres mots ? Pourquoi cet amour du cinéma que tu exécrais tant ?

Et ce foutu diplôme, quelle en est ma part ?

Et ce que je rembourse chaque mois pour des années encore ? N’en n’as-tu point profité ?

Qu’un fieffé salop !? »

Je ne veux pas être prisonnier de ma colère, je ne veux pas devenir de la haine l’esclave mais sache que je ne comprends pas. Ou je comprends trop bien et tu n’es qu’une poche vide, qu’un oiseau qui glane les blés en soif de toujours plus, d’autres champs… Je ne t’en veux pas ?

Pas de nous, de ce tombeau que tu appelais amour, de cette perte où il eut fallu te vénérer, te dire que tu étais si bien, je ne suis pas en capacité de réparer l’autre, je ne le veux pas et de ta soif de reconnaissance je n’ai jamais voulu faire cas. J’ai été franc. Tu n’aimes pas ça. Je ne le sais que trop. De ta colère je me torche encore le visage, de ta violence je pourchasse les flots brumeux.

Méfie-toi, toi qui n’es pas mon ami,

Méfie-toi de toi avant tout

Car les griffes en toi, je ne les connais que trop,

Celui qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, et je suis la rage !

Méfie-toi de toi, la rage en toi, les méandres, le son dans le blé, le ver dans le fruit, est-ce toi ?

De ton désir, fais un manteau gracieux, rentre femme et brebis avant la nuit, rentre, de tes fréquentations choisies fais ta pelisse, ton jour, tes ambitions au-delà les montagnes, va la pluie, je ne suis pas le manteau du singe. Vivre, la bouche pleine, impolitesse des circonstances, je t’ai donné et je n’ai pas voulu t’aimer dans les voies de ta vox populi souffreteuses, le dictat que fut le tien contre le mien, je ne voulais pas gagner ! J’ai protégé tant que possible mon île, ma déficiente personne. Tu as tué la seule chose que tu aurais pu sauver, la confiance, cette moindre étincelle en moi, tu as brulé mon corps une dernière fois, je sens encore tes mots et ton regard parfois, je n’étais pas assez beau pour toi, pour ton idée-idéal. Le monde comme une représentation. Une performance. Un happening dont tu serais le héros. Je suis con, je passe à côté. J’ai cru. J’ai sombré alors que je sais, j’ai touché rapidement les pics et les écueils mais non, je suis parti tout de même, je suis con, aller le monde avec toi, illusion des illusions. Je n’ai pas respecté ta mère et ta sœur, pas de secret, pas de mystère, j’ai négligé mes devoirs, j’ai laissé le concret pourrir sur place. Je ne savais rien faire, je suis parti et j’ai laissé le radeau dériver…

Nous ne parlons pas la même langue. Nous ne croyons pas les mêmes choses, nous sommes si différents, nous l’avons toujours été. J’ai été trop loin, trop fort, j’ai appris à affirmer cela à ton contact, à mes dépens, en le payant de moi-même, fort et durement. Enfant capricieux, j’ai cédé tout en résistant.

Je n’étais pas de ton monde, je n’ai pas trouvé ma place, jamais, je ne pouvais accepter d’être un faire-valoir, une image, un élément de ton décorum de vie, je suis en dehors. Je préfère cette vie parfois triste et austère que cela. Je suis fier de mes choix même si tu les as plombés. Tu es là et même si tu dis le contraire, petit bonhomme faussement fort, faussement intègre, tu aimes cela.

Dis-moi, franchement, tu n’as pas honte ?

De me laisser sur la paille, de faire que je ne peux rien faire ? Pas même vivre décemment ?

Expose-toi, donne-toi comme merveilleux, brillant, artiste et intelligent. Sans doute tout cela est-il vrai en partie et tant mieux mais… et le reste ? Et l’ombre ? Qu’en fais-tu ?

Qu’en feras-tu quand elle reviendra ? Car elle revient toujours ? Ne rêve pas !

Pourquoi accepter si bien, au final, que tu dérobes ma tranquillité, financière pour commencer, oui, qu’il est bas de parler de cela, tu as le beau rôle, je reste dans l’ombre, au loin, dans mon isolement que je chéris aussi.

Je suis devenu cette terre austère, élimée et stérile. Je te livre la sensualité dans une épaule évanouie. La métamorphose dans l’amour, elle est passée comme les si douces illusions, y croire reviendrait à être.

Les mots coulent comme lave, je suis volcan et lac gelé, noir bile, il est nécessaire de se purger de toi, de cette empreinte que je ne puis plus supporter, j’aimerais que tu paies ta part, que tu prennes cette partie du fardeau qui est la tienne ! Tu ne peux pas, tu es trop occupé de toi et de l’exposition au soleil de ton égo…

Je n’ai pas oublié, je lis le long des grains de noir sable, je prends chapelet de mes larmes amères. Le pardon. Lové dans les coulisses de la rivière sale qui descends au flanc de l’humain destin…

Je ne crois plus en l’amour, cette religion moderne qui nous donne droit à l’impossible, nous caresse et nous berce. A aucun moment je ne regrette, pas même l’abandon, j’en avais besoin, j’en avais butin. Pourrais-je te tendre la main, oublier que tu m’as jeté avec mépris dans le passé de NOS responsabilités passées ?

Je prends vie dans la plaine avant de remonter le cours des montagnes, je prends souffle dans le regard du dernier éléphant, je prends et perds tout élan. « Tu » es mort un matin de carême. Je ne sucerai pas éternellement la moelle de ce mirage. Suce ce que tu voudras de ce que j’ai donné avec mon insouciance stupide et puérile. Je ne suis pas là, pas ailleurs non plus, c’est bien mon problème. C’est ma place en ce monde. Deux semaines, trois ans et une vie n’y suffiront pas. Ni la brise, ni le cancer ni la chlorophylle tendre n’y suffiront. Je vais et j’oublie. Ce sera mon unique forme de pardon. Te perdre dans le rejet des écumes, de toi il n’y a rien d’humain amour naissant pour moi, tu es venu tendre et doux, je t’ai appelé car je suis amant des failles et des renoncements, aventureux des impossibles, détruis la place, elle est vide, ne le vois-tu pas, je ne suis pas là…

J’écoute le sable qui bruisse, la pluie qui crisse dans la boue des chemins, le halètement incessant de la grenouille nocturne, je suis en vie, envie de tout, de fuir je ne suis plus adepte, je suis là, je suis loin, je suis en mon noyau, il est incandescent, il est fruit de la révolte, enfant des limites, je suis là, c’est moi…

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