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Mecanic carrycot

Publié le par Mathias LEH

Mecanic carrycot

Et j’entends toujours le bruit de la mer. Je ne l’entendais pas avant, là-bas et je ne sais toujours pas où nous sommes. Je sais que tu es là, je m’éveille et tu es là, tu caresses mon bras, tu touches calmement mon visage. Sais-tu toi pourquoi je suis dans ce curieux endroit ? Sais-tu pourquoi je ne reconnais rien. Ils viennent, ils me font mal et pourtant je ne sens que vaguement les choses, comme après être tombé avant. J’entends des bruits au-dedans, dans les vides, j’entends vos voix, elles sont loin. Manman vient me chercher, sors moi de là.

Ils croient que je n’entends rien, tu me parles, tu dis les mots doux, les fleurs dans les syllabes. Je suis avec toi, je reste avec toi. Parfois cette boule de feu dans la poitrine, tu n’entends pas, j’aimerais que tu calmes les braises.

Tu parles avec eux, ils ont un regard si froid envers moi, un regard de biais, je ne suis pas là, j’entends les tuyaux, je les sens à peine, je ne mange pas, je ne comprends pas.

Je suis dans un long couloir, un long rien du tout, je ne sais pas si je vais rester là, toi seul et Auntie pouvez calmer ma peine, mon angoisse. J’ai peur et rien ne bouge.

Pourquoi ne puis-je retourner calmement au coin de nos promenades du dimanche ?

Manman, repartir avec Auntie au culte tranquille, me laisser bercer par le prêche comme les vagues lentes où j’imagine encore les poissons et baleines dansants…

La peur des eaux grondantes s’est apaisée, la pluie ne reviendra plus. Je suis prisonnière de cette cage étrange.

Je ne souffre pas. Ils semblent même dire que c’est fini. Je ne ressens rien ?

Je ne comprends pas tout, je ne suis plus moi entièrement. Quelque chose est volé, emparé de moi. Je n’ai pas tous les mots, je n’ai pas parole, je bouge des parcelles infimes de moi, je ne le sais peut-être même pas. Ils ont dit que j’étais morte, ils parlent le plus souvent une langue que je ne comprends même pas. Manman revient heureusement et ne dis rien d’autre que les mots qui font baume.

Rien de mieux. Je ne suis pas partie, je ne suis pas morte. Ils le disent et le pensent si fort. Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire mais cela m’emplit d’une tristesse infinie. J’ai pleuré, j’ai laissé les dernières eaux me quitter… Je pourrai alors lever les amarres, ce n’est pas moi qui décide, pas eux non plus, un seul le peut, on me l’a appris et là allongée sur mon lit , dans tout ce blanc qui m’oppresse, je le sais, je le sens, je suis en prison cage de tuyaux métal mais je suis toujours enfant des eaux et du vent, de mon île et de mon sang.

Je ne suis plus effrayée, je reste coite, calme et apaisée, je n’ai pas peur de l’ombre, elle plane, silencieuse, évadée et je vis à ses côtés, je la laisse parfois à moi s’allonger, je danse dans l’obscurité, cachée de tous, les mousses et eaux douces de mes cavalcades dans les bois m’imprègnent.

A vous tous que j’ai tant aimé, je cours et je reviens, je regarde dans la chambre cage, ils sont beaucoup, ils prient, je souris, le ressac de ces mots aimés, panser mes plaies, panser les vôtres, je suis encore là…

Je ne suis ange, je suis dans le noir, le jour, à chaque mélopée mêlée, viens t’allonger, dans caresses lentes et aimantes, je sens tout cet amour qui habite les pas et les mots, je suis avec toi, vous qui venez, prenez de moi la simple étreinte des mois passés, je n’ai plus de surprise, le temps est suspendu, ma pensée comme au goulet emprisonnée, je fuis dans le paradis des sensations profondes, je n’entends pas tout, je ne suis plus du tout effrayée.

Je plane et navigue, évadée des sentiers de la cage qui rythme étrange de mouvements rauques mon silence inachevé.

Là tout n’est que lumière et tranquillité, je suis là, je suis avec moi, avec vous.

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