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Des nuits...

Publié le par Mathias LEH

Nuit ici, matin là-bas, tout se même et s'entremêle.

Les rythmes se séparent comme les plaques continentales, l'éloignement das un décalage horaire.

Le petit chat est parti, perdu ?

Il en reste un. Il en restera un et ce sera le dernier, Ismaël perdu en haute mer; de quelle baleine sommes-nous les otages ?

Les questions se bousculent, les choix deviennent moins opaques, il faudra bientôt prendre la mesure, interroger la moiteur, les lieux et les habitudes à prendre, que devenir dans cet entre-deux où se marient étrangement Afrique et Europe, créole et français, qui fait quoi au final et pour quoi, pour qui ?

Des impressions, des sensations, des tableaux de voyage. Mais le voyage s'achève et la vie prend racine, peu à peu.

Tu ne peux reculer, le soudain pied à l'étrier, l'inconnu et la falaise qui se présente.

La nature comme unique support. De la chlorophylle des forêts tropicales au sel des plages bigarrées, du crapaud croisé dans le gris du soir à la chauve-souris rasant les herbes du jardin, aller ce monde, y trouver place car tu ne peux sans cesse rester étranger.

La nuit prend appui. A la fenêtre du monde. A la lucarne des jours passés projeter les jours à venir. Lentement. Garde ton souffle, entre en terres marécageuses. Le climat modifie, la lune sillonne des croissants infimes. Je parle à un parterre d'étoiles. Lueurs sacrées, points de repère dans le noir infini.

Ici soudain s'inscrit la perte et l'oubli. Les vies prennent ressort et chacun vaque à son occupation. Il en va ainsi et je vous perds, d'une certaine façon. Inexorable ressac, dans l'écume des horizons lointains, dans l'exotique ailleurs.

Les regrets, pas assez, pas sincères. Il en faudrait plus, dans les ténèbres de mes propres failles. Simplement le doute et l'invective d'un esprit en roulis. Je me demande. Tu me peuples de tes interrogations lancinantes.

De quoi cherches-tu donc la clef ? Pourquoi cette place dans les décalages ? Pourquoi le renoncement et la fuite des heures ?

J'ai quitté la plaine et les habitudes tissées de longue date, j'ai laissé l'habit de pèlerin aux vestiaires. Je cours nu sur une route sinueuse et escarpée.

Venez et regardez le triste sire qui se démène dans sa brume, au sein de ses contradictions grises.

Le vieux papillon fatigué est venu poser grandes ailes ternes au seuil des bougies dans la craie du soir, tu baillai et cherchais à donner sens, tu cherches ainsi sempiternellement...

Fou ! Tu pensais au fond passer au travers. Passer à travers les gouttes. Transpotting.

Je ne souris pas, j'observe et j'attrape. Ce grincement des hauts bambous au bord de la rivière blanche, ce paternel attrait. J'analyse les chants nocturnes, des grenouilles minuscules faire des amies...

Je foule des volcans laissés là, le sable comme cendre, les creux dans le sol humide, là où l'eau polit l'amas des coulées de lave d'antan.

Je veux rouges fleurs pour que colibri passe et repasse, me donne le tournis.

J'apprivoise le ronronnement encore timide de ce chat survivant, sa mélodie s'accompagne de miaulements, je rassure.

Je lègue les mots comme bouteille dans les flots, je sais qu'il n'y pas le temps, que les mots fatiguent, agacent et menacent. Ils me bordent, ils assurent la main levée sur le monde.

De ce suspens, de cette fin dans le commencement, je garde trace profonde en moi...

Solitude des antipodes, exil volontaire et immédiat. Pourtant rien ne se perd, on archive, on consigne et on repart...

Les sables se teintent et je pars en mer, je m'agite au dessus des eaux, toute cette vie qui grouille! Poissons aux couleurs sulfurées, je vous enlace de toute ma sollicitude, je vous envie...

Kafka est loin et Keïko n'est plus. les fils se tassent, la pluie tropicale me lave, je sortirai nuit à la nuit tombée et attendrai que l'eau tombée lave mes pleurs. Toujours l'attachement est rude.

Des ruches sur le bord des chemins, faire mon propre miel, aimer le soleil brûlant et la morsure de ses idéaux. Tomber peau, aller le noir et la nuit...

Je vous aime. Tout me manque. Rien. Un cercle vertueux qui pourrait nous sauver...

J'ouvre mes paumes, je les lèche, tu viens et toute rationalité se tarit. Je pose ma main sur le dossier de la chaise, je dors en moi... Embrasse, triture et aime, seul voie possible...

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