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aléas

Publié le par Mathias LEH

Les aléas, les trouées, du vide… Il n’y aura pas de refuge, dans les heures de cette terre entre deux eaux, tu verras que l’humanisme sombre sans cesse et ne laisse que quelques traces. Seras-tu faire face ? En auras-tu au moins envie ?

Je n’écris plus pour raconter, je n’écris pas en fait, je suis là pour tenter de ne pas laisser ce curieux vide m’envahir.

La vie s’inscrit finalement comme une lutte. Il serait bon que tu saches à quel point l’abandon reste ton amarre, tu abandonnes, on t’abandonne, on n’est jamais seul dans cette curieuse et terrible démarche.

Je ne suis plus heureux, je ne le puis, la vie reste en suspens, je suis plume dans la nébuleuse de mes souvenirs…

Mon âme s’éparpille, morceaux perdus dans les réminiscences du passé, morceaux dans une hypothétique projection du futur. Pourtant une trop grande part semble rompue…

Je ne sais toujours pas, jamais plus. Je suis dans ces eaux troubles depuis tant de temps, le savoir dépeuple, ravage et déconstruis la moindre certitude.

J’ai couru longuement les contrepentes, j’ai suivi les méandres, le vide, l’eau et la fureur océan, tant de fois cette furieuse envie de sombrer, enfin, pourquoi toujours attendre ? Pourquoi éternellement se raisonner ? Je me demandais par éclairs, je sentais dans mon corps ce fourmillement, si je saute, la douleur sera brève, je serai et ne serai plus, dans un instant devenu des milliers, il est quasi certain que je serai pris par cette entière brièveté.

Mais encore je me heurte aux murs de ma curieuse volonté, elle veut la vie, coûte que coûte, elle dit qu’il s’agit du plus noble des combats, elle refuse le romantisme éteint de mes dix-sept ans. Soit, je poursuis, je m’arrête peu, le regard sur les précipices, les errements, les abandons, les ratés, tout cela me donnerait morne attitude, je lutte dans les soupentes.

Suis-je venu ici pour me guérir de moi-même ?

Suis-je venu ici pour mieux me précipiter dans les gouffres de la mélancolie ?

Comme si souvent, je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas cherché à comprendre et depuis je tente de dénouer les fils…

J’affronte les vents contraires, les terribles pieuvres de mon exigence, de mon intempérance, il y a cette volonté tel un couteau, l’arc tendu de mon éternelle avancée dans le noir de ma vie.

Parfois, dans le crépuscule du soir, dans les douces lumières du couchant, j’aimerais de l’amour retrouver les rivages mais je ne sais que trop que les leurres sont les vapeurs de cet apparat, pauvre petit bonhomme fat, comment as-tu pu y croire une fois de plus, te laisser bercer par cette douce voix en toi, ce scélérat aux yeux tendres, il ne s’agit de personne. Ce n’est jamais que toi, toi et ce sourire trompeur au coin de tes yeux. Tu rejouerais la brève histoire de la séduction, des illusions puis la chute, fracassante, les espérances taries.

Je n’entends pas, pas vraiment, je sais que cela reste impossible, j’ai tué l’amour, fermé les chaînes, désiré tant et tant me retrouver loin, de toi, de moi, de vous. De l’exil une valise, de l’amitié une balise, de l’amour un simple souvenir, de l’oubli tout et tout…

Je compte les 101 résolutions glauques qui peuvent encore résonner dans le gris de mes nuits, la belle lune livide et d’un halo coiffée, solitude simple, voulue et non résolue.

Inexorablement la lente montée des eaux, je savais que cette marée-là serait en certains points fatale.

J’ai de la déchirure exploré certains confins. Je n’ai plus d’ambition grande, je tente garder le monde en éveil en moi, que cela puisse me suffire… Que cela m’apaise et berce mes pertes de repères, je n’ai plus de toit, pas de patrie en mon âme, je ne suis d’aucun nom, d’aucune ville, ici comme ailleurs je reste celui de rien. J’ai lutté l’estime de moi dans les années claires puis maquillé mon pâle sentiment d’infériorité par un corps plus présentable, en apparence, rien n’y fait. Le trou, la béance, tout demeure, j’aime dans les courants laisser ma carcasse errer.

Tu ne demanderas peut-être si cela ressemble le moins du monde à un récit, une lettre, un mot ?

Je sais la réponse, je sais les flots et le sel qui me ronge la peau.

Une bouteille de mots épars dans l’océan de ce vide qui me sépare du monde des vivants trop souvent. Ecrire, vaguement, si narcissiquement ne serait alors qu’une triste tentative de rejoindre vos rivages. Toute tentative finalement vaine, nous ne le savons que trop !

Nuées de petites grenouilles grises dans le soir, je m’allonge soudain sur la grève, ma course finie, je rêve la vague qui me ravirait à jamais…

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